Rencontre du temps

Espérer mieux nous empêche-t-il de "construire" ?

Hello ...

Je suis tombé sur ce petit texte dans mon actualité FB.  Je trouvais ça intéressant, et qui mérite réflexion par rapport à différents domaines (pas seulement sur ses relations amoureuses ou amicales, mais aussi son job, ses loisirs, ...) Alors je vous propose un peu de lecture  aloofandbored  

 

"Aujourd’hui, nous ne nous engageons plus. Nous trouvons cela inutile. Il a toujours été dit qu’un(e) de perdu(e), dix de retrouvé(e)s, mais cela n’a jamais été plus vrai que maintenant, avec tous ces OkCupid, Tinder, Grindr, Dattch, et compagnie. De la même manière que nous pouvons commander chez le Chinois du coin, nous pouvons désormais commander un être humain.

Désormais, l’intimité, c’est une combinaison parfaite d’emojis. Nous pensons qu’envoyer un texto pour dire “bonjour !”, c’est un effort considérable. Nous pensons que le romantisme est mort, ce qui est peut-être le cas… ou peut-être devrions-nous le réinventer. Peut-être que, de nos jours, le romantisme, c’est décrocher suffisamment longtemps de son téléphone pour se regarder dans les yeux pendant le dîner. Peut-être que c’est effacer Tinder de son téléphone après un premier rendez-vous formidable. Peut-être que le romantisme est toujours vivant, mais que nous ne savons plus à quoi il ressemble.

Lorsque nous faisons notre choix (si tant est que nous nous engagions), nous restons distants, à évaluer froidement les options. Nous voulons la superbe tranche de filet mignon, mais nous sommes trop occupés à passer en revue l’intégralité d’un buffet médiocre, simplement parce qu’il est disponible. Simplement parce que nous avons le choix. Nos choix nous tuent. Nous pensons qu’avoir le choix est important. Qu’avoir tant d’opportunités est bénéfique. Que plus nous avons de chances, mieux c’est.

Mais en vérité, cela ne fait que diluer le tout. Nous ne comprenons même pas ce que cela fait d’être satisfait, ce à quoi cela ressemble. Nous sommes constamment prêts à partir, car là-dehors, il y a toutes ces possibilités qui nous attendent. Nous ne voyons pas ceux qui sont là, ne demandant qu’à être aimés, car personne ne demande plus à être aimé. Nous espérons que ce que nous recherchons désespérément existe toujours. Et pourtant, nous cherchons constamment une nouvelle dose de surprise, d’excitation, de gratification immédiate.

Nous nous rassurons, et nous nous distrayons, et si nous ne sommes même pas capables de faire face à nos démons intérieurs, comment pourrait-on nous demander de faire un effort, et d’aimer quelqu’un qui rend cet amour difficile ? Nous fuyons. Nous partons. Contrairement aux générations précédentes, nous avons accès à un monde immense. Nous pouvons ouvrir un nouvel onglet, admirer des photos du Portugal, sortir une Visa, et acheter un billet d’avion. Nous ne le faisons pas, mais nous le pouvons. L’important est de savoir que nous pouvons le faire, même si nous n’en avons pas forcément les moyens.

Il existe toujours une infinité d’autres options fascinantes. Aller sur Instagram pour admirer la vie des autres, celle que nous pourrions avoir. Voir les endroits où nous pourrions aller. Voir les vies que nous ne vivons pas. Voir les personnes avec qui nous ne sortons pas. Nous nous noyons dans les stimulus de toutes parts, et nous nous étonnons ensuite d’être malheureux. Nous nous étonnons d’être mécontents. Nous nous étonnons que rien ne dure, et que tout semble inutile. Parce que nous ignorons comment voir nos existences pour ce qu’elles sont en réalité, plutôt que pour ce qu’elles ne sont pas.

Et même si nous trouvions l’amour. Admettons que l’on trouve cette personne qui nous aime et que l’on aime. L’engagement. L’intimité. “Je t’aime”. Nous le disons. Nous le trouvons. Et puis soudain, nous le vivons pour les autres. Nous disons que nous sommes en couple sur Facebook. Nous mettons nos photos sur Instagram. Nous devenons un “nous”. Nous semblons parfaits, car ce que nous choisissons de partager n’est que le “best of” de notre relation. Nous ne partageons pas les disputes nocturnes, les yeux rougis, les draps pleins de larmes. Nous ne mettons pas à jour notre statut pour expliquer comment leur amour englobe les zones d’ombre que nous n’aimons pas en nous. Nous ne tweetons pas notre tristesse lorsque nous avons ensemble des discussions capitales pour l’avenir de notre couple. Ce n’est pas ce que nous partageons. Uniquement une image lisse. Un couple heureux. L’amour est parfait.

Et puis nous voyons ces autres couples parfaits, et nous nous comparons. Nous sommes la génération emoji. La culture du choix. La génération des comparaisons. On se jauge. Ça peut aller. Être le meilleur. Jamais dans notre passé n’avons-nous eu tant de critères sur lesquels baser notre image de “La Meilleure Vie Possible”. Nous recevons des informations de toutes parts, et nous déprimons. Nous ne serons jamais à la hauteur, parce que ce à quoi nous nous comparons n’existe pas. Ces vies n’existent pas. Ces relations n’existent pas. Et pourtant, cela, nous refusons de le croire. Car nous les voyons avec nos propres yeux. Et nous les voulons. Et nous sommes prêts à nous plier en quatre pour les avoir.

Alors nous nous séparons. Nous nous séparons parce que notre couple n’est pas assez bien, que nos vies ne sont pas assez parfaites, que notre relation n’est pas assez formidable. Nous faisons toujours plus de tri sur Tinder. Nous commandons encore quelqu’un d’autre, comme une pizza. Et le cycle recommence. Emoji. Un texto “bonjour”. L’intimité. Poser le téléphone. Une photo de couple. Un couple heureux et parfait.

Comparaisons. Comparaisons. Comparaisons. Progressivement, l’arrivée des premiers problèmes et des critiques subtiles. Les disputes. “Ça ne va pas, mais je ne sais pas pourquoi.” “Cette relation ne fonctionne pas.” “J’ai besoin de quelque chose de plus.” Et la séparation. Un autre amour perdu. Une nouvelle poubelle emplie de photos d’un couple heureux.

Nous passons à la suivante. Nous cherchons toujours ce qui nous échappe. La nouvelle dose. La nouvelle satisfaction. La nouvelle gratification instantanée. Nous vivons notre vie en 140 caractères, en vidéos de 5 secondes, en photos filtrées, en films de quatre minutes, nous papillonnons. Ce n’est rien de plus qu’une illusion.

Nous refusons de nous contenter de peu, tout en nous persuadant que se contenter de peu, c’est une relation qui ne soit pas parfaite, excitante et semblable à ce que nous voyons partout ailleurs. Qu’est-ce que c’est, se contenter de peu ? Nous n’en savons rien, mais nous n’en voulons pas. Si ce n’est pas parfait, c’est se contenter de peu. Si ce n’est pas une passion scintillante, c’est se contenter de peu. Si ce n’est pas digne de Pinterest, c’est se contenter de peu.

Nous réalisons que nos attentes sont illusoires. Nous voulons être appelés au téléphone. Nous voulons que notre partenaire cesse d’avoir le nez collé à l’écran de son téléphone. Nous voulons ralentir. Nous voulons de la simplicité. Nous voulons une vie indépendante des commentaires, des “+1″, et autres pouces verts. Nous ignorons peut-être que c’est le cas, mais nous le voulons. Nous voulons des liens, des vrais. Nous voulons un amour qui se construise, sans être mis à la poubelle pour une autre personne. Nous voulons avoir quelqu’un lorsque nous rentrons chez nous. Nous voulons nous éteindre à un âge avancé, en sachant que nous avons vécu pleinement chaque moment de notre existence. Voilà ce que nous voulons, et que nous ignorons vouloir.

Et pourtant, ce n’est pas comme ça que nous abordons aujourd’hui nos relations. Ce n’est pas comme ça qu’aujourd’hui, nous aimons."

 

(le texte original en anglais est ici : http://thoughtcatalog.com/jamie-varon/2014/12/this-is-how-we-date-now/)

 

(12) (0)
Commenter

Ah c'est donc toi l'homme qui a désiré rester anonyme laughing  

Ce site web ne peut exister que par l'exposition de publicités à ses visiteurs
Merci de le supporter en désactivant ton ad blocker!
De plus, savais tu que la pub sur ce site est moins invasive que ce message?
Ce message est présent jusqu'à 3 fois plus sur le site à certains endroits que la pub, tu vas directement voir la différence en désactivant ton ad blocker! Merci encore! smile

Mais avec plaisir, Toutou !   happy   

Très bon texte smile

Merci de l'avoir partagé !

Une autre façon de le dire : happy

« La civilisation occidentale exerce une influence néfaste en ce sens qu'elle coupe l'individu de ses racines : la nature à l'extérieur et à l'intérieur de lui. Valorisant la réussite matérielle et sociale, elle ramène en fin de compte chacun à l'état d'objet utilitaire : il lui faut se comporter de telle manière que le système fonctionne.

Être « normal » dans un tel contexte signifie être comme un robot qui correspond aux attentes de la machine socio-économique. Ici apparaît tout le paradoxe d'une époque qui, en voulant mettre l'homme au sommet, fait acte de déshumanisation. L'incapacité à vivre la reliance, le lien entre soi et l'autre, humain ou non humain, conduit à détériorer la psyché en ravalant notre être à l'état d'objet, en nous faisant perdre le sens même de notre vie. Nous devenons des automates qui suivent sans énergie propre, qui se laissent guider, qui fabriquent des machines agissant comme des hommes et qui engendrent des hommes agissant comme des machines. »

« Pour une écologie intérieure – Renouer avec le sauvage », de Marie Romanens & Patrick Guérin

Connectés

Tu dois être connecté pour voir la liste des membres connectés
Ce site web ne peut exister que par l'exposition de publicités à ses visiteurs
Merci de le supporter en désactivant ton ad blocker!
De plus, savais tu que la pub sur ce site est moins invasive que ce message?
Ce message est présent jusqu'à 3 fois plus sur le site à certains endroits que la pub, tu vas directement voir la différence en désactivant ton ad blocker! Merci encore! smile
Ce site web ne peut exister que par l'exposition de publicités à ses visiteurs
Merci de le supporter en désactivant ton ad blocker!
De plus, savais tu que la pub sur ce site est moins invasive que ce message?
Ce message est présent jusqu'à 3 fois plus sur le site à certains endroits que la pub, tu vas directement voir la différence en désactivant ton ad blocker! Merci encore! smile