Odyssée d'une opération sous anesthésies avec s

Avant de commencer cette histoire, je préviens qu’elle est destinée surtout à celles et ceux qui aiment lire (oui, l’histoire est longue de 10 pages bien que je l’ai déjà résumée un peu depuis mes 15 pages, j’ai décidé de finalement retirer tous les passages un peu plus touchy…  )… Je vais la découper en 4 parties, ce sera plus simple et plus agréable à qui voudra éventuellement la lire, en partie ou en entier… Chaque partie a ses petits rebonds, moments de questionnement… Je l’écris pour moi-même d’abord (donc évitez de vous infliger la chose si vous vous sentez désespérés par la taille du texte ou que ca n’a pas l’air de vous intéresser  ), pour me rappeler plus tard cette expérience que j’ai vécu et comment je l’ai vécu, ses moments qui sauront éventuellement me rassurer plus tard aussi si jamais, et puis, je l’écris aussi pour toute personne qui s’y reconnaitrait en partie ou en entier ou qui voudrait se sentir rassuré à l’approche d’une opération, l’inconnu et/ou le préjugé faisant parfois plus peur que l’acte en lui-même…

 

Acte 1, la confirmation

Il est donc 8h30 ce mercredi 16 février quand mon gsm fait le son caractéristique du sms recu, je suis encore endormi mais c'est un son que j'attendais et auquel mon esprit était vigilant depuis la veille. Je me réveille, prends mon gsm en main, toujours couché, je l'ouvre et appuie sur cette partie du haut de l'écran qui affiche la notification d'un nouvel sms avec son fameux "RESULT Covid19 TEST from 16/02/2022 for ****"… Je fais ce qu’il faut et tombe sur le résultat. « Négatif / Negatief »... Les mots sont là... Une partie de moi espérait bien que le résultat soit négatif, une autre espérait tout le contraire car maintenant, là tout de suite, je sais ce que ca signifie et ce qui m'attend, demain, ca va être LA grosse journée... Une tension intérieure monte directement d'un cran.

12h46, un homme m'appelle de l'hôpital :

- Bonjour, vous êtes bien Richard?

- Oui ! Répondis je...

- Votre opération est confirmée pour demain jeudi 17 février, merci d'arriver aux admissions à midi! Vous devez venir à jeun donc aucun repas avant minimum 8h de l'admission et vous pouvez continuer à boire uniquement de l'eau jusqu'à maximum 10h.

- Ok donc je ne mange plus rien à partir de la veille en gros...

- Si si, vous pouvez encore manger si vous vous levez tôt...

- ? Merci pour les infos! Bonne journée !

La journée passe lentement avec son lot de sms et autres messages en quête de nouvelles. Au fur et à mesure que les heures s'écoulent, la tension s'intensifie... Au soir, je commence à cuisiner ce qui va être mon repas du lendemain, soupe au butternut (mais c’est meilleur avec le potimarron) avec des carottes et des cubes de gingembre sucrés, je coupe le tout (je garde la peau, elle se ramollit sous la cuisson et plus encore avec le potimarron, je retire juste la partie avec les graines pour le butternut), je mets dans la casserole avec de l’eau et hop, sur le feu… Et j'allume netflix... Jurassic world version 2018 fera l'affaire pour les 2h09 suivantes... Au bout d'une heure, je mixe la soupe, et fais cuire des oignons doux en morceaux à la poêle, une fois qu'ils sont légèrement grillés, hop, je les rajoute à la soupe mixée, j'éteins les feux, c'est prêt, je me sers un bol... Je continue le film... Après un tas de "haaa! Courrez!!!", la fin du film arrive, les méchants se sont faits gobés par des dinosaures affamés, c'est bon... Retour à la dure réalité qui m'attend... Demain...

Je me prépare à aller me coucher et je mets 2 réveils, un à 9h30 pour boire un dernier coup d'eau, l'autre à 10h30 pour le vrai réveil... J'éteins les lumières, je me couche, il est 1h30...

Je regarde l'heure, il est 1h50... à nouveau, 2h20... et encore et encore jusqu'à 3h40... Ok... Je ne vais pas y arriver... Je ressens le stress tout de va... Entre un 7 et un bon 8 sur 10 en niveau de stress, toute cette affaire ne m'aura pas fait oublier d'être couillon... Bon... J’essaie de me détendre et referme les yeux...

C'est comme ça que je me réveille après un étrange rêve qui a une allure de labyrinthe avec quelques scènes érotiques et/ou sensuelles du genre dont on n'a pas envie de sortir... Il est 9h30, le réveil sonne, j'éteins, je me lève, je vais boire une gorgée d'eau, je vais faire pipi, je me recouche... Je me demande si je vais réussir à continuer le rêve que je faisais juste avant... 10h30, le réveille sonne à nouveau, un rêve complètement différent, mon esprit n'aura pas poursuivi le rêve précédent, petite déception... Je traine un peu dans mon lit, gsm en main, et les dernières nouvelles de fb, nomophobe un jour...

À 11h, je m'extirpe du lit, je vais prendre ma douche bien chaude... Je conscientise ce moment agréable, cette chaleur qui m'enveloppe et ruisselle le long de mon corps... Je réfléchis également sur le déroulement de la journée, comment potentiellement elle va se passer et les émotions que je vais ressentir aux différentes étapes... D'ailleurs, en parlant d'émotion, à combien suis je en niveau de stress? 2/10, la douche chaude fait son effet... Je l'arrête, je commence à m'essuyer, je sors de la douche et termine de m'essuyer... Je m'habille... "Plutôt chaud ou plutôt froid ? Il y a du soleil mais il n'a pas l'air de faire hyper chaud non plus, bon, je m'habille chaud..." Je mets mon masque et je suis prêt à sortir, au final, je ne peux plus boire d'eau non plus là... Je me mets en route vers l'hôpital, c’est le début du périple, j’ai l’impression d’être Frodon en route pour la montagne du destin... 3/10...

 

Acte 2, l'opération

J'arrive aux admissions à pile 12h comme mon ticket en témoigne... L'homme à l'accueil me reçoit à 12h08, un gars sympa qui a l'air de savoir ce qu'il fait, je signe les papiers qu'il me tend avec la question "chambre commune ou chambre privée", ce sera commune pour moi... Le tout prend 2-5 minutes... Il me dit d'attendre dans la salle d'attente numéro 2 où sont déjà installées 4 autres personnes, je me sens un peu rassuré, je ne vais pas de suite être le suivant... En face de la salle d'attente, des portes numérotées de 1 à 9 si j'ai bien retenu, disposées l'une à côté de l'autre et qui ont des allures de box téléphoniques. 1 minute à peine s'écoule, j'ai juste eu le temps de m'asseoir que la porte 3 s'ouvre, une infirmière en blouse verte et bleu, masquée, sort et appelle... "Richard svp"! Et moi de penser "Quoi?! Mais je viens de m'installer ! Et les 4 autres devant moi alors ?!?" 4-5/10 en stress au son de mon nom... Je me lève...

- "Euh... Oui?" en espérant encore une erreur dans la série des prises en charge...

- Suivez moi

- Gloups ?

Je la suis derrière cette porte 3...

- Fermez la porte

Je m'exécute...

- Donc mettez vous entièrement nu, pas de slip, pas de chaussettes, voici pour les pieds, voici à mettre sur votre tête, voici le masque à mettre, et voici la blouse à mettre bras en avant, ouverture en arrière.

- Euh... Oui... Ok...

Elle sort par une autre porte qui fait face à la première par laquelle je suis rentré, et ferme la porte derrière elle...

Je me déshabille, d'abord ma veste, puis les chaussures, les chaussettes, je mets déjà les chaussons aux pieds (j'aurai dû les mettre après), j'enlève mon pantalon, et mes 3 couches du dessus en une fois... Je prends la blouse blanche, je mets mes bras, et tente d'y mettre un noeud derrière après avoir retiré mon caleçon... Je mets mon nouveau masque et enfin la charlotte sur la tête...

- Vous êtes prêt ? Entendis je derrière la porte...

- Euh oui oui!

La porte s'ouvre, je me baisse pour ramasser pantalon, calecon hop dans la poche arrière du pantalon, pulls, chaussures avec mes chaussettes et ma veste en dernier... Elle me conduit à un vestiaire blanc avec box avec fermeture à code, elle m'explique le fonctionnement, j'y installe mes affaires, je ferme la porte, et la suis...

- Tenez, couchez vous sur ce brancard le temps que le brancardier vienne vous chercher...

Je me couche, elle me met une couverture des pieds aux épaules, la chaleur a un côté rassurant... 2 minutes passent...

- Bonjour, j'ai vu votre nom sur le registre et je suis venue vous voir, vous parlez hongrois ? Me demande cette nouvelle infirmière que je n'avais pas encore vu...

- Oui oui, couramment...

- Na akkor magyarul is beszélhettünk (ah alors on peut aussi parler hongrois)

- Oui oui, mes parents viennent de (Buda)Pest

- Ah et moi de la région forestière, vous parlez aussi roumain ?

- Non du tout...

- Comment vous vous sentez?

- Je commence à sentir le stress monter, je n’aime vraiment pas être là...

- Ne vous en faites pas, le dr S. est un excellent chirurgien, vous ne pourriez pas être dans de meilleures mains... Me répond elle tout sourire

Elle s'en va, j'attends... 5 minutes passent, le brancardier arrive...

- Vous êtes Richard ?

- Oui!

- Vous êtes à jeûn ?

- Oui...

- "Alors en route!" le tout en sourire...

6/10...

On traverse un couloir, on passe une porte, un 2e couloir, une 2e porte, un 3e couloir, on arrive devant un ascenseur, hop, on sort au 2e étage, couloir porte couloir porte... Il installe le lit dans un coin, tenture autour de moi... Il me demande

- Ca va, vous êtes bon?

- Euh, je me sens quand même bien stressé là... Y a pas moyen d'avoir un truc?

- Malheureusement pas mais je peux vous proposer ca !

Il commence à faire quelques pas de danse et à chantonner pendant 15 secondes... Quand on y pense, c'est pas long, mais c'est loin d'être court aussi quand on est dans une situation où chaque seconde paraît longue... Inattendu, j'esquisse un sourire les yeux grands ouverts... Il s'en va... J'entends dans la pièce voisine quelqu'un au téléphone... "Oui vous êtes au quartier opératoire !"

2 minutes après, l'anesthésiste vient me voir, égale aux autres, « ils ont tous le sourire ici »...

- Bonjour! Générale donc?

- Euh oui!

- Vous êtes à jeûn?

- Oui!

- C'est bon!

Elle repart... J'écoute la musique... Taaam taaam tatam ta tata tata tatammm... Euh... Ce serait pas une musique d'enterrement ca!? ?

5-10 minutes passent, le dr S., mon chirurgien, arrive... Son air toujours aussi sympathique que la première fois que je l’ai rencontré, il est souriant aussi, il est décontracté et sérieux à la fois...

- Bonjour monsieur Richard ! ?

- Bonjour docteur! ?

- Bon, on va vous réparer hein!

- Euh oui! Mais je me sens un peu beaucoup stressé

- Ne vous en faites pas, vous allez dormir, vous n'allez rien sentir, vous vous réveillerez et tout sera déjà fini...

Il continue à sourire et s'en va...

Le temps d'une autre chanson et voilà déjà qu'une nouvelle infirmière apparaît et me fait changer de lit pour un lit opératoire... Je bouge donc de ces 50cm de lits mis côte à côte, toujours sous cette couverture qui commence à devenir mon dernier rempart de chaleur et de réconfort... Et c'est reparti... Porte, couloir, porte... Salle... 7-8-9/10 voire 12-13/10 ? Je ne sais pas… « Qu’est ce que je ne donnerais pas pour avoir eu un intestin sans problème, misère… »

Une infirmière vient par mon côté gauche et me demande de laisser pendre mon bras, je m'exécute... Elle approche un pied à perfusion avec un baxter déjà prêt pendant que l'anesthésiste vient par mon côté droit et me demande...

- C'est quoi votre date d'anniversaire ?

- "Le 15 mai aaaïe (le moment où l'infirmière insert l'aiguille de la perfusion au milieu du dessus de ma main, pas la paume donc) 1981, ca fait mal ca!" répondis je en tournant ma tête vers l'infirmière

- "Non, regardez moi" me rappelle l'anesthésiste...

Je la regarde à nouveau...

- Quel est votre métier ?

- Je travaille dans oufff ca fait mal aussi ca...

- N'y faites pas attention, dans quoi donc vous disiez ?

- Dans l'informatique...

Là elle me met un masque transparent qui recouvre le nez et la bouche, j’entends le petit sifflement d’un gaz…

- Ok, maintenant je veux que vous fermiez les yeux...

Je m'exécute et ferme les yeux...

J'ouvre les yeux, vision double comme si j'avais vidé une bouteille de whisky, plafond différent, lumière jaune plutôt que blanche dans l'autre salle... Où est ce qu'ils m'emmènent encore?

- Euh... C'est encore dans longtemps l'opération ?

- ! Ah mais monsieur, l'opération est déjà finie!

- !? Mais il est quelle heure ?

- 15h15!

- Je me sens complètement dans le cake...

- Vous en faites pas, vous pouvez vous rendormir si vous voulez...

Trou noir... Nouveau réveil, nouvel endroit dans une petite pièce qui donne sur un couloir... De retour dans un grand lit... Ils m'ont donc déplacé eux même cette fois ci... Vision toujours double mais peut-être un peu moins qu'avant et dessus de main ultra gonflée et bleue là où était placée la perfusion...

 

Acte 3, nouvelle sensation

Une infirmière passe...

- Vous êtes réveillé ?

- Euh oui je crois, mais je vois double et je me sens dans le cake...

- Ne vous en faites pas, ca va passer, vous pouvez rester là tranquillement...

- Ca fait combien de temps que je suis là ?

- On vous a remonté de la salle d'op il y a 30 minutes...

Il est donc +- 15h45... Je somnole... On oubli l'échelle du stress, elle n'a plus lieu d'être et on intègre une nouvelle échelle... L'échelle de la douleur... 2/10... Et je sens la partie de mon corps entre les cuisses et le nombril complètement endolorie... Peu importe, je sens une pression au niveau de la vessie, je dois aller faire pipi...

- "Euh pardon, je peux aller aux toilettes ?" demanda je à l'infirmière à un moment où elle passe devant la pièce

- Oui oui, c'est juste ici à gauche dans le couloir... Vous avez besoin d'aide ?

- Euh non, ca ira merci!

Je me lève et me dirige vers la direction indiquée, toujours nu sous ma blouse. J’arrive face à la toilette, je lève la cuvette, je soulève ma blouse, je me mets au dessus... Tiens, c'est bizarre... Je n’arrive pas à faire pipi malgré l'envie... Je me concentre... Comment on fait pour faire pipi déjà ? Généralement, j'ai envie de faire pipi, et en un éclair, ma volonté est! Pipi sort de mon corps! Mais ici... Rien... J'essaie 5 minutes... Je m'assieds sur la toilette, toujours rien... J'abandonne quelques minutes plus tard et retourne à mon lit, toujours avec cette même envie...

Le chirurgien arrive, sourire inchangé, avec les prescriptions et le certificat médical édité à 14h27, l’opération aura donc duré +-1h30, qu’est ce qui a pu durer autant ?

- Comment vous sentez vous?

- Euh, bien je crois...

- Tout s'est bien passé, on a fait le nécessaire et mis un tube pour protéger la plaie...

- Un tube ? Il va rester là le tube?

- Seulement 7-10 jours puis il partira naturellement, il faudrait que vous buviez beaucoup beaucoup d'eau.

- Ah... Ok... Bon... Et pour les douleurs ?

- Je vous ai prescrit du tradonal

- Ca me fait penser au contramal et à un autre dérivé du tramadol qu'on m'avait prescrit mais aucun des 2 n'a jamais eu aucun effet sur mes douleurs...

- Ne vous en faites pas, ici c'est un cousin du tramadol qui est plus puissant et la douleur n'est pas la même, ca devrait aller avec du dafalgan 1g en plus...

- Ok, merci!

- On se revoit dans 2 semaines !

- Merci encore pour tout!

Il s'en va...

L'anesthésiste arrive...

- Tout se passe bien ?

- Oui oui... Mais j'ai une sensation bizarre au niveau du bassin...

- Oui on vous a fait une anesthésie locale en fin d'opération pour que vous puissiez dormir le soir, si la douleur se réveille, prenez un dafalgan!

- Ah ok merci!

- J'ai essayé d'aller faire pipi tantôt mais je n'y suis pas arrivé !

- Oui vous devez pousser un peu

- Ok, bon, je réessaierai plus tard...

- Vous avez quelqu'un pour vous ramener?

- J'habite à côté donc je n’ai pas vraiment besoin...

- C'est quand même une anesthésie générale, vous devriez contacter quelqu'un pour vous ramener, vous risquez d'avoir des difficultés à marcher, y compris avec l'anesthésie locale, sinon on vous fait signer une décharge...

- Bon ok...

- Aller bon retour à vous et bon rétablissement !

- Merci encore à vous!

L'infirmière enchaîne...

- Vous pouvez partir quand vous voulez maintenant, vous avez quelqu'un pour vous ramener ?

- J'ai besoin de mon téléphone pour appeler...

- Les vestiaires sont là bas à gauche... en montrant la pièce à droite de la sortie de la chambre…

- Ok, merci!

Je vais chercher mon gsm, je l'allume, il est 16h57... Je contacte mon amie qui me répond qu'elle se prépare et qu'elle arrive... À 17h18, je recois son message comme quoi elle est devant l'hôpital...

- Ok j'arrive dans 5 minutes !

Je me rhabille et vais la rejoindre...

- Alors ? Comment tu te sens ? T’es pâle !

- Euh je ne sais pas… Je me sens toujours dans le cake et je vois toujours un peu double...

On marche d'un ton lent mais certain, dehors à l’air frais, bonheur… On ne parle pas trop de l’opération, elle me parle plutôt des dernières nouvelles qu’elle a lu ici et là, ca me change les idées, ca fait du bien, et puis on passe par la pharmacie pour les ordonnances... On prend le tout et on rentre chez moi... Il est 18h...

Je vais dans la salle de bain, je me regarde dans le miroir, « waouw, c’est vrai que je suis pâle ! ». Je retourne dans le salon, je vais à la lumière, je regarde ma main toujours aussi gonflée et bleue, c’est impressionnant, je prends quelques photos, ca me fera des souvenirs de cette expérience… J’envoie une de ces photos de ma main à 6 amis qui prennent justement des nouvelles…

Je me couche dans le canapé, mon amie s'occupe de moi une petite heure et puis s'en va avant qu'un autre prenne le relais pour les 3h suivantes...

 

Acte 4, l’expérimentation

Entre temps…

Je retourne à la toilette, toujours avec cette même envie de pipi... Il est 19h et toujours rien... Pourquoi ? Je bois et mange 2 bols de ma soupe au butternut préparée la veille... La pression est de plus en plus forte mais la zone génitale est toujours endormie... Je me touche le pénis, je sens au contact de mes doigts que je touche quelque chose d'organique mais au niveau de mon pénis par contre, je ne ressens pas le toucher de mes doigts... Je sens tant bien que mal qu'il bouge mais c'est tout... D'ailleurs, ce n'est pas la seule zone encore insensible... Alors qu'au départ je pensais que ca ne concernait que la zone anesthésiée localement, j'ai testé en me pinçant relativement fortement une partie de la paume de ma main gauche, et... aucune douleur non plus... J'ai ressenti le touché et l'impression de pincement, mais la douleur? Non...

Il est 20h, 3-4/10 très localisé mais toujours endolori autour...

Je retente d'aller faire pipi mais avec une info en plus tirée de Google... La recherche "contrôle du pipi organe" et sa première trouvaille... "Le sphincter urétral interne et le sphincter urétral externe permettent tous deux le contrôle musculaire du flux d'urine. Le sphincter interne est involontaire. Il entoure l'orifice de la vessie débouchant sur l'urètre, et se relâche pour laisser passer l'urine. Le sphincter externe est volontaire." C'est donc le sphincter externe qui me donne du fil à retordre, le tout au nom de la volonté... Ok... J'essaie, je me concentre... 2-3 gouttes sortent... Ce n'est qu'à mon essai vers 21-22h que je réussirai à faire pipi mais avec sa dose d'exception... En général, quand je fais pipi, une fois le jet lancé, je me rends compte de 2 choses sans nécessairement le conscientiser à chaque fois... La première est que je sens ce fluide traverser mon urètre, de la vessie au bout de mon pénis, réfléchissez y la prochaine fois que vous irez faire pipi et conscientisez, visualisez son trajet, de où à où, quelles zones ressentez vous précisément ? La vitesse, la force, la pression que vous pouvez y mettre... Ressentez le tout... Vous y êtes ? Hé bien, ici, moi, encore là maintenant quand j'écris ces lignes, je ne ressens rien... Absolument rien... Par ma volonté et par mes yeux, je vois sortir le pipi de mon pénis mais concrètement, j'aurai les yeux fermés, je serai incapable de dire si quelque chose sort ou pas puisque je ne ressens tout simplement rien... Je ne sens pas le passage du fluide au travers de mes organes... La deuxième chose dont je me suis rendu compte lorsque le jet est en cours, c'est toujours cette même volonté de contrôler le sphincter externe, sauf que... En temps normal, j'ai fini ou veut finir précipitamment de faire pipi, et hop, que ma volonté soit faite, par la force de mon esprit, je coupe la vanne et mon pipi s'arrête tout simplement... Ici, le muscle étant encore endolori et sans pouvoir sur celui ci, je garde cette impression de devoir encore faire pipi même si plus rien ne coule, mais en plus je n'arrive pas à consciemment "couper cette vanne", hé bien oui, elle est où ? Je ne la ressens pas, du coup, j'ai cette impression qu'une fois ouverte, elle reste ouverte et je ne peux rien faire pour la refermer, du coup, je me base sur ce que je vois... Ca coule? Ok je laisse couler, ca ne coule plus? Ok je peux remonter mon caleçon... Et puis voilà...

Bien que j’aie eu cette anesthésie générale et locale, bien que j'en ressente encore les effets, à 1h, je ne me sens toujours pas fatigué de cette fatigue qui donne envie de dormir... J'écris, je décris ce que je ressens de cette journée qui aura été une expérience en plus d'une opération... Ma première opération avec anesthésie générale et ma première avec anesthésie au niveau gastrique... Mais je ne peux m'empêcher de penser non plus que mon 5/10 actuel, avec l'effet combiné des 2 anesthésies, va étrangement ressembler à un 10/10 d'ici quelques heures...

Première nuit… impossible de dormir, je n’ai pas dormi ne serait-ce qu’une minute… Pourtant j’ai essayé… j’ai fermé les yeux, j’ai essayé de passer de la musique relaxante… Impossible… Je continue toujours à réfléchir, penser à cette journée qui vient de s’écouler… Je ressens aussi les effets et sensations de la zone opérée… je suis toujours à ce 5/10 de douleur et ressens une nouvelle sensation, une sensation de chaleur, pas désagréable ou agréable non plus, juste une chaleur qui trahit peut être une forme d’inflammation de la zone… Ah oui, c’est vrai, le médecin m’avait prescrit un anti-inflammatoire… J’en prends un avec un verre d’eau et retente de dormir… La lumière extérieure commence à réapparaitre, bon, je n’ai pas réussi à dormir jusque là quoique je fasse, c’est plus maintenant que je réussirai…

9h, 10h, 11h, 13h… Les heures filent et je n’ose toujours pas aller aux toilettes pour la partie popo, trop peur d’avoir mal, trop peur que le tube soit arraché, trop peur que l’expérience présente ne devienne le début d’une série… Je chauffe de la soupe au butternut (je ne sais plus si j’ai déjà dit que j’en avais fait +-4 litres ) et je mange en espérant que ca passera comme une lettre à la poste, sans douleur et sans dégât… Ah et puis, boire de l’eau ! Encore, et encore, manger une orange et des mandarines aussi, c’est juteux, c’est bon, ca devrait le faire…

Les heures continuent à passer, toujours en parti endolori et ce n’est finalement qu’au bout de +-48h que j’aurai retrouvé toutes mes sensations, cette anesthésie locale est beaucoup plus efficace que je ne le pensais… En parallèle, c’est le même timing depuis la dernière fois que j’ai dormi… Ceci dit, le tradonal a fait au minimum son effet, je suis à 3-4/10…

Maintenant, place à la récupération en espérant que les choses évolueront positivement…