L'appel

Cela faisait plusieurs jours que je suis nerveux, que j'attends cet appel. A chaque fois que mon téléphone sonne mon cœur s'arrête une fraction de seconde. Non, ce n'était pas encore cela. Arrêtez de m’appeler, je ne vais plus tenir le coup très longtemps à ce rythme. Mercredi après-midi, un nouvel appel. Je jette un œil sur qui m’appelle : c'est lui, ça ne peut vouloir dire qu'une chose ! Je prends une seconde avant de décrocher. Je savais que ce moment allait arriver, je pensais m’y être préparé mais maintenant, on y est, plus question de faire marche arrière, il va falloir que j'assure. Je réponds. Je ne sais plus exactement ce que je dis, mon esprit est déjà en route. Quand je raccroche, j'ai déjà enfilé ma veste. Je fonce, je plaque tout; ils n'auront qu'à se débrouiller sans moi. C'est une priorité, ma priorité. Le trajet me semble durer une éternité et une seconde en même temps... J’ai dû prendre le métro, j’ai dû marcher, je suppose. J'arrive, m'oriente, trouve mon chemin. En fait, c’est simple, il suffit de suivre la ligne de la bonne couleur. Entre toi et moi, une simple porte nous sépare encore. Allez, faut que je l'ouvre, que je franchisse le dernier pas. Je me promets de ne pas verser de larmes. C'est stupide, je sais que je le ferai. Je respire un grand coup, pousse la porte. Tu es là, endormie dans les bras. Je te souris. Je te reçois dans mes bras, les premiers bras qui te portent après ceux de tes parents. Je t'observe longuement; alors c'est à ça question tu ressembles... Tu me semble si petite, si fragile ; j’ai peur de foirer, de ne pas être à la hauteur ; je sais que cette peur ne me quittera jamais totalement. Je ne pleure pas, j'ai une fichue poussière dans l'œil... C'était il y a deux ans déjà, deux ans seulement.