Prise de conscience
Un soir parmi tant d'autres, même s'il ne ressemble pas à tous les soirs de mon existence.
Pourquoi ?
Parce que pour une fois je ressens un manque. Au lieu d'être en colère, tu me manques. Et je ne sais pas si c'est complètement toi ou si c'est le toi que je n'ai jamais eu.
Mais tout ce que je sais c'est que ce soir, le manque a pris place sur la colère. Sensation inconnue. Est-ce que je suis passée à une autre étape de mon deuil ? Est-ce que je peux dire que cette semaine vécue m'a fait comprendre certaines choses ?
Je ne sais pas. J'ai juste l'impression d'avoir grandi de 10 ans en une semaine. Je ne pourrais surement jamais comprendre ce qui t'as amené à tout ça. Mais aujourd'hui, je comprends ce que c'est d'avoir besoin d'une maman.
Aujourd'hui, j'aurais eu besoin de t'appeler, de te demander conseil, de refaire le monde derrière une création en cuisine ou que sais-je. J'aurais eu besoin d'un moment mère-fille, de me confier, de simplement te dire que je continue à grandir dans la peur de certains évènements que je pense seul une maman peut comprendre.
J'aurais eu besoin que tu me prennes dans tes bras. Que tu me berces. J'aurais eu besoin de me sentir voulue juste au moins une fois dans ma vie.
Et je sais que malheureusement ce moment n'arrivera jamais. Mais j'ai eu pour la première fois depuis très longtemps l'illusion que ce jour aurait pu arriver. Je ne regrette rien maman. Je pensais qu'en te disant au revoir, le deuil serait fait. Mais j'ai l'impression que ce n'est seulement maintenant que le processus se met en route.
Je commence seulement à faire le deuil de la maman que je n'ai jamais eu. Et c'est peut-être le deuil le plus compliqué de ma vie. J'ai compris aujourd'hui que la complicité que j'aurais eu besoin, ne viendrait jamais. Et j'ai l'impression que cette illusion s'est évaporée. Que j'ai enfin pris conscience que j'attendais quelque chose qui ne viendrait jamais.
Peut-être que cette prise de conscience s'évaporera aussi vite, mais cet instant est surement un des plus importants à l'heure actuelle. Perdue entre deux larmes et ce sentiment de vide, je me sens bien. Paradoxal, mais sereine.
Dans quelques jours, tu partiras pour ton dernier voyage. Bientôt deux ans que tu l'attendais. Je ne serai pas présente. Car nos voyages n'ont jamais été les mêmes et qu'il est tant que je prenne ma route et non le fantôme de la tienne. Il est temps que je termine de grandir.
Il est grand temps que je prenne "ma vie par les cornes" et de te dire "Bon voyage Maman".
Posté le 09/08/2014 23:18 par une femme, 31 ans, Belgique/Molenbeek-Saint-Jean | 4 commentaires
Courage Courage Amélie!